Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 08:14

Traditionalisme ou traditionalismes : enjeux et perspectives.

Journée d’étude

Strasbourg première semaine de juillet 2019

Le mot traditionalisme a connu des définitions différentes selon les époques. De 1873 à 1946, l’acception du mot est clairement établie. Émile Littré (1801-1881), peu suspect de cléricalisme, dans son dictionnaire de 1873, en donne le sens suivant, une fois posées celles de livraison et de transmission : “Opinion de ceux qui, dans l’Église catholique, pensent que l’idée de l’infini n’est pas une idée innée, mais que le premier homme a été averti par Dieu de la présence et de l’objet de cette idée, et qu’ainsi informé, Adam en a transmis à ses descendants la possession et l’intelligence. La cour de Rome a rejeté le traditionalisme.” En 1946, le Dictionnaire de Théologie Catholique tome XV (1) colonne 1350  explique que le traditionalisme “admet dans l’homme une véritable impuissance physique à parvenir soit à la connaissance, soit à la certitude de l’existence de Dieu, indépendamment de la Révélation.” Les théologiens germanophones Karl Rahner et Herbert Vorgrimler donnent la définition suivante dans Petit dictionnaire de théologie catholique (1961) : “ Doctrine qui s’est développée au XIXème siècle chez des philosophes et des théologiens catholiques, tels que Bonald, Bautain, Bonnetty, comme sorte de refuge contre le rationalisme et le scepticisme. Selon cette doctrine, les connaissances de l’ordre métaphysique, moral et religieux ne sont pas accessibles à la raison individuelle. On ne peut les acquérir avec certitudes que par une révélation (la Révélation primitive), laquelle se transmet et est attestée avec autorité dans la langue, l’esprit d’un peuple, la tradition, la pensée collective etc.” Par contre, l’encyclopédie Catholicisme Tome XV [col. 200 à 205] utilise le mot au pluriel. Il distingue le traditionalisme dans son acception philosophique comme au XIXème siècle de l’ultramontanisme considéré comme un traditionalisme et du traditionalisme du XXème siècle, réaction négative à Vatican II et à sa réforme ecclésiale et liturgique. Le mot traditionalisme qui a eu longtemps une acception unique prend des sens divers. Ce constat sert de fondement à cette journée d’étude.

Un premier axe de la recherche pourrait être subdivisé en deux sous partie répondant aux questions suivantes. 1°) Les origines de la notion. Existe-t-il un lien entre les doctrines adamiques du XVIème siècle et le traditionalisme ? Les travaux de Bernard Plongeron [Théologie et Politique au siècle des Lumières 1770-1820 Genève, Droz, 1973, p. 319 et 320] et d’Henri de Lubac [La destinée spirituelle de Joachim de Flore Tome 1 Paris, Lethielleux ; Namur, Culture et Vérité, 1979, p. 196-197] le suggèrent.  La question des origines depuis la crise janséniste est tout aussi importante que la mise en place de la doctrine dans le contexte de la Grande Révolution et des régimes politiques qui ont suivis. 2°) Les mutations du XIXème siècle. Comment se fait-il que le traditionalisme à l’anthro­pologie pessimiste, par le truchement des disciples de Maistre et Bonald, se soit engagé en faveur du Progrès –le titre du journal L’Ère nouvelle est significatif en lui-même– ? Ce Progrès est-il pensé et ressenti comme un futur riche de promesses à découvrir ou est-il un ailleurs utopique qui garde la réminiscence d’un Paradis perdu dont on chercherait à nouveau la source primitive très pure pour rénover le monde ?

Un deuxième axe de recherche serait de chercher à partir de quel moment le mot traditionalisme se charge de sens nouveaux au XXème siècle  et prend son autonomie par rapport à la définition du magistère romain établi entre le concile de Vatican I et celui de Vatican II ? Le philosophe Jean Lacroix, en 1962, aux Journées universitaires, oppose tradition et traditionalisme sans faire cas de la définition primitive : “Le propre du traditionalisme, stricto sensu est en définitive de nier la tradition –la tradition vivante qui est le progrès en marche.” [Paul Foulquié, Dictionnaire de la langue philosophique p. 733 colonne 2]  Une étude historiographique des histoires du catholicisme français et des histoires de la démocratie chrétienne française permettrait de voir comment la conceptualisation historique peut influer sur la théologie et l’ecclésiologie comme l’écrivait déjà en 1992 Guy Bedouelle dans L’Histoire de l’Église. Science humaine ou théologie ? Éditions Mentha.

Les propositions de communications qui concernent les sciences humaines (philosophie, théologie, histoire, sociologie) doivent être présentées dans un texte  de cinq mille signes. Elles seront envoyées au secrétaire de la journée d’étude à l’adresse électronique indiquée. Elles doivent parvenir avant le 15 octobre 2018. Le programme définitif sera établi le 15 novembre 2018.

Organisateur du colloque :

Philippe Roy-Lysencourt, professeur associé à l’Université Laval au Québec.

Courriel : Philippe.Roy-Lysencourt@ftsr.ulaval.ca

Secrétariat :

Nadir Amrouni

Courriel : nadir.amrouni.1@ulaval.ca   

Conseil scientifique :

Jérôme Grévy, professeur à l’université de Poitiers ; Catherine Maire, É.H.É.S.S. Paris ; Luc Perrin, faculté de théologie catholique de l’université de Strasbourg ; Jean-Louis Clément, I.E.P. de Strasbourg.

Lieu de la journée d’études :

Université de Strasbourg, Villa Knopf, 10 rue Schiller 67000 Strasbourg.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires